FREDERIC NEYRAT
La part inconstructible de la terre
"Avec l’hypermodernité géo-constructiviste, c’est l’idée même de nature qui disparaît au fur et à mesure que s’y substituent des entités artificielles dont l’objectif est d’intégrer, digérer et reprogrammer toute altérité naturelle. La nature se fait « biodiversité », « prestations de service » (l’apport en eau, la pollinisation, etc.), « ressources » – marchandises. L’anaturalisme apparaît dès lors clairement comme la condition de possibilité ontologique de technologies dont le but est de remplacer la nature."
"À l’heure où l’écosphère se dégrade réellement, et pas seulement conceptuellement, il devient littéralement vital d’affirmer que la nature n’est pas seulement un champ de bataille : elle est d’abord et avant tout un champ relationnel, intensif, de vie et de non-vie, qui ne peut pas se réduire aux espaces mesurés et appareillés par les puissances humaines, qui échappe inévitablement aux définitions stratégiques qu’en proposent les combattants, qu’ils soient militaires ou compagnies d’assurances transformant les catastrophes naturelles et les épidémies en marché financier."